Dimitri Chostakovitch (1906-1975), Symphonie de chambre
 John Williams (*1932), Essay for strings
 Igor Stravinsky (1882-1971), Concerto pour cordes en ré
 Aaron Copland (1900-1990), Nonet
 Note de programme
 Ironie de l’Histoire, la guerre froide a vu s’affronter deux idéologies,  capitalisme et communisme, visant au progrès et s’opposant à un système  élitiste. De ce point de vue, il paraît normal que toutes deux aient  rejeté, en partie du moins, l’esthétique défendue par les compositeurs  de la vielle Europe, jugée élitiste. Dimitri Chostakovitch et Aaron  Copland sont à la fois les archétypes des musiciens russes et américains  bien qu’ils aient été dans les deux cas, à des degrés différents,  persécutés par leur gouvernement respectif.
 Copland, jeune militant proche du parti communiste américain défendra  une musique populaire destinée à l’élévation des masses et qui devait  puiser sa source dans le folklore américain. Il fut à ce titre inscrit  sur la liste noire du cinéma. Si son style évolua vers une relative  complexification, il conservera cette touche typiquement américaine et  populaire. Sa pièce Nonet en est un brillant exemple: on navigue dans  une lente progression harmonique qui conserve un caractère lumineux et  ingénu même dans les passages relativement dissonants.
 Chostakovitch, s’il adopte une posture relativement apolitique,  connaîtra aussi ses heures de gloire et de persécution. Cette symphonie  de chambre est en fait une transcription de son huitième quatuor écrit  pour un film sur les victimes des bombardements de Dresde. Malgré cela,  le sens de la pièce est tout autre... Il s’agit, du propre aveu du  compositeur d’une pièce « biographique » truffée de références à sa vie  ainsi qu’à ses pièces antérieures. On y retrouve tous les ingrédients  qui font le génie de Chostakovitch : une musique sombre et cynique,  mêlant références à la musique savante et populaire dans le cadre d’une  harmonie tonale mais toujours d’une surprenante créativité.
 Autre paradoxe historique, Stravinsky, le plus célèbre des musiciens  russes du Xxème siècle aura vécu une grande partie de sa vie aux  États-Unis où il passera les trente dernières années de sa vie. Ce  concerto pour cordes en ré date de la fin de la sa période dite  néoclassique dans laquelle il s’amuse à revisiter des musiques plus  anciennes. La pièce est truffée d’éléments musicaux du passé côtoyant  d’autres éléments beaucoup plus modernes.
 John Williams est lui connu pour ses musiques de films, notamment celle  qui l’a rendu célèbre : Star Wars. Cet Essay pour cordes est l’une des  rares pièces de musique pure qu’il ait publiée. L’écriture de musique «  pure » et de musique de film sont deux exercices différents ; on  retrouvera évidemment dans Essay les qualités propres à la seconde, la  puissance évocatrice et la clarté du propos qui nous plongent  immédiatement dans une ambiance dramatique.
